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Les médicaments comptent pour 1/3 des émissions de gaz à effet de serre du système de santé or, peu d'industriels communiquent l'empreinte environnementale de leurs produits. The Shift Project s'est donc penché sur la question. Il a pris l'exemple de l'insuline synthétique et notamment les données publiées par le laboratoire danois Novo Nordisk sur l'empreinte carbone de ses stylos à insuline. Elles concernent les émissions sur l'ensemble du cycle de vie des produits, de l'utilisation des matières premières jusqu'au traitement des déchets (stylos jetables). Cette analyse exclut cependant les émissions liées au marketing et à la R&D.Résultats : entre 11 et 16kg de CO2 équivalents/an/patient selon l'insuline, soit ± 25kg CO2-eq pour un diabétique insulino-dépendant qui a besoin de 2 types d'insuline. "Ces résultats doivent être pris avec précaution: ils sont validés par un auditeur externe (PwC), mais les détails de la méthodologie et des calculs ne sont pas disponibles. Cependant, ces chiffres ont le mérite d'exister, ils précisent les ordres de grandeur et contribuent à établir un référentiel pour des produits de santé similaires", mettent en garde les Shifters Santé b.Pour mieux se rendre compte de l'ordre de grandeur de cette empreinte carbone, ils donnent des points de comparaison: 25kg CO2 c'est l'équivalent au quotidien de 2g de paracetamol, c'est 10x moins que l'empreinte carbone annuelle des médicaments inhalés par spray pour soigner l'asthme ou la BPCO (± 240kg CO2/an) ou encore, c'est l'équivalent d'un trajet de ± 120km en voiture essence moyenne. Dans nos articles sur le sujet des prescriptions durables, nous avons déjà évoqué l'intérêt des poudres sèches qui ne contiennent pas de gaz propulseurs tels que les hydrofluorocarbones dont l'empreinte carbone est importante. Pour les Shifters, remplacer les sprays par des inhalateurs à poudre sèche, en partenariat avec les patients, "est une mesure de lutte contre le changement climatique immédiatement activable". "Dans le cadre du diabète de type 1 traité par les insulines de Novo Nordisk, on a donc une correspondance simple : les 25KgCO2 permettent de gagner une année de vie (il faudrait en toute rigueur ajouter le matériel pour la surveillance glycémique). C'est (très) peu, qu'en est-il des insulines concurrentes ?" Face à ce constat, The Shift Project plaide pour que la publication de ces informations soit rendue obligatoire, afin d'aider les professionnels de santé et les patients dans leurs choix. "C'est une nécessité pour réussir la transformation environnementale des systèmes de santé. En attendant que la réglementation évolue et que le reporting de l'empreinte carbone soit standardisé, saluons les industriels qui s'engagent dans la transparence et encourageons les autres à les suivre", conclut-il.